La position de la cuillère : et autres bonheurs impertinents

Voilà un livre qui nécessite une certaine culture littéraire pour pouvoir en profiter pleinement. Car les pensées de Deborah découlent principalement de ses lectures. Et là, elle m’a perdu bien des fois.

M
Midi (démon de)
Vous vous êtes acheté une moto, vous ne vous rasez plus, vous avez demandé à votre assistante de vous commander des livres écrits par des femmes. Et ce, parce que votre jeune petite amie a remarqué que votre bibliothèque ne comptait que des livres d'hommes. Vous écoutez du Sébastien Tellier sur vos appareils connectés (mais vous préférez Simon and Garfunkel), vous rêvez d'un bœuf bourguignon bien fondant mais vous foncez tête baissée vers un curry végane au bras de votre démon de midi adoré.
La position de la cuillère : et autres bonheurs impertinents de Deborah Levy

Mais lorsqu’elle parle de Ballard, de Crash ! et de voitures, de Marguerite Duras, de féminisme ou du désir j’ai pu me raccrocher plus facilement à ses pensées à l’humour fort britannique.

Marguerite Duras était une penseuse intrépide, égocentrique, même à vrai dire légèrement ridicule. Mais aurait-il pu en être autrement? Quand elle pousse sa créature frêle et audacieuse en chaussures lamé or dans les bras de son millionnaire chinois, Duras n'a pas le moindre mot d'excuse pour les libertés morales et psychologiques qu'elle prend pour exister.

Une lecture pleine de pistes de lectures

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Chère étrangère,
J'ai plusieurs fois commencé cette lettre mais jusque-là, je ne croyais pas à ce que j'écrivais. Je suis romancière et j'ai écrit des livres sur le bonheur comment la pression qu'on nous met pour être constamment heureux peut nous rendre malheureux et silencieux alors que tous les autres ont le bonheur bruyant.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Et si Deborah Levy nous ouvrait les portes de sa bibliothèque personnelle ? Si elle nous emmenait à la découverte des artistes qui l'inspirent et la secouent ? Et si, en passant, elle nous livrait une anecdote savoureuse impliquant les petites cuillères, son voisin de palier et Nietzsche ?
Tour à tour jeune femme aux yeux noircis de khôl, ses fidèles creepers aux pieds pour arpenter le Londres underground des années 1970, déjà fascinée par Colette et Simone de Beauvoir, amante féministe relisant Marguerite Duras et Sigmund Freud et Violette Leduc et Roland Barthes, voyante lorsqu'il s'agit de scruter l'âme des artistes qui l'obsèdent - Edouard Manet, Lee Miller, Francesca Woodman -, à l'affût du monde sous toutes ses coutures - technologie, pandémie, gastronomie... - Deborah Levy nous livre au fil de ces textes réjouissants, rassemblés ici pour la toute première fois, un véritable traité de l'indiscipline et une plongée revigorante dans son intimité loufoque et érudite.

Regarder le monde, négocier la façon dont en retour le monde nous regarde, est au coeur de l'écriture.